NO PEACE WITHOUT WAR
de Thierry Kleiner (2010)

« Si vis pacem, para bellum » (« Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre ») explore le passé et le présent, la montée et le déclin. Il s’agit d’un travail à long terme sur la vie « impossible » d’une soeur et d’un frère, descendants d’une vieille famille noble polonaise qui a perdu tous ses biens sous l’ère communiste. Dans ce milieu, le travail en général était mal vu – les nobles ne travaillent pas ! Fidèles à leur statut mais sans droits ni moyens pour l’assumer, Ewa et Piotr vivent donc dans une extrême pauvreté. Ils squattent un vieil appartement au centre de Cracovie, un lieu sans électricité ni chauffage. Quelques mois avant que Lorenzo Castore rencontre les deux protagonistes, il loue un appartement dans la même rue qu’eux. Il aperçoit un matin cette belle femme avec son air de passé glorieux qui l’entoure. Elle le fascine et l’intrigue au point d’occuper toutes ses pensées. Il essaiera de la prendre en photo à plusieurs reprises, mais elle s’y refusera pendant deux ans. Un jour, une connaissance informe Lorenzo Castore qu’une femme sortant de l’ordinaire voulait lui vendre de vieilles photos. Lorenzo pense toute suite à cette femme énigmatique et il s’avère que c’est bien elle. Alors après une courte rencontre, il parvient finalement à convaincre Ewa et Piotr de pénétrer dans leur monde. En contrepartie, il propose de payer leurs dettes à la compagnie d’électricité et de chauffage pour autant que le résultat des photos convienne à tous. Alors débute une collaboration longue de deux ans pendant laquelle Lorenzo documente leur vie tout en gagnant leur confiance et leur amitié. Ewa invite Lorenzo dans son appartement qu’elle partage avec son frère Piotr qui ne le quitte jamais. Le photographe découvre un monde à part où règnent désordre et délabrement. Au milieu d’un chaos incroyable, il tombe sur des vieilles photos de familles. Il y découvre la vie avant le communisme et le déclin de cette famille : une rétrospective de l’existence d’Ewa et Piotr, de leur naissance à la mort de leur père, photographe passionné, en 2003,. Sans leur demander l’autorisation, il se les approprie et en fait un « vrai » album de famille qui devient le point de départ de son travail. « Si vis pacem, para bellum » est l’histoire d’un monde oublié qui se déroule dans l’espace de deux pièces. C’est l’histoire d’une expérience humaine, d’une beauté inattendue, d’une vie pleine d’espoir noyé par l’incontrôlable vérité de l’être. Lorenzo Castore nous présente une œuvre allant au-delà d’une documentation classique puisqu’elle mélange ses photographies avec celles d’un passé révolu dans un fécond face à face. Une oeuvre qui se décline également sous la forme d’un film tourné en collaboration avec Adam Cohen.